Misery

Misery

Auteur : Stephen King
Editeur : Albin Michel
ISBN : 2-226-03673-3
Nombre de pages : 391 pages

Lu dans le cadre de mon Bingo Livre : Un livre publié l'année de votre naissance (1987)

Résumé :

Suite à un grave accident de voiture, l'écrivain Paul Sheldon est recueilli et soigné Annie Wilkes, une ancienne infirmiére. Etant une fervente admiratrice de ses livres, Annie devient folle en découvrant qu'il a mis fin à la série de Misery Chastain en tuant son héroine dans son dernier roman. Bien décidée à lui faire réparer ce qu'elle juge être une monumentale erreur, elle décide de le séquestrer afin de l'obliger à reécrire son roman. S'en suit une descente aux enfers pour l'écrivain prisonnier de sa fan n°1.

 

Paul Sheldon écrivait pour gagner sa vie. Maintenant, il écrit pour rester en vie.

Mon avis :

Avec ce roman Stephen King réussi le tour de force d'écrire une histoire effrayante avec seulement deux personnages (du moins dans la majeure partie du roman) et un seul lieu. Et c'est très réussi. Et autant être claire dès le départ quand je parle d'histoire effrayante c'est entiérement dû à Annie Wilkes parce qu'elle est vraiment très flippante ! Et complètement tarée ! Autant dire que le pauvre Paul Sheldon est vraiment mal barré et ça on le sent dès le départ. J'ai beaucoup aimé la façon dont la folie d'Annie est décrite tout au long du roman et aussi la façon dont la situation empire graduellement au fil de l'histoire.

 

Mais ce qui m'a le plus intéressée à travers ce roman c'est la vision de Stephen King sur le travail d'écrivain et la relation entre un auteur et ses fans. Je trouve que ce livre amène des réflexions très pertinentes sur l'écriture, l'art, la relation qu'un auteur peut entretenir avec son oeuvre et avec son public, la façon dont les fans s'emparent d'une oeuvre et l'importance qu'elle peut prendre à leurs yeux. Bien sûr le personnage d'Annie apparait comme un modéle de fan extrême et effrayante, mais avec Paul Sheldon elle contribue à apporter une réflexion sur l'art et la culture (populaire ou non à mon avis) assez fascinante. A travers ce roman on a comme une représentation des diverses relations amour/haine qui se nouent entre l'auteur, son oeuvre et le public. J'ai d'ailleurs été assez surprise de constater que les attaques d'Annie envers ses romans me semblaient bien plus horribles que les sévices corporels qu'elle pouvait infliger à Paul. Enfin bref, cet intérêt pour l'écriture et la réception des oeuvres par les fans m'a semblé vraiment intéressant.

 

J'ai également trouvé amusant le fait qu'il y ait plusieurs histoires dans ce roman. En effet les romans écrits par Paul Sheldon jouent un grand rôle dans l'intrigue et par conséquent on a réguliérement des extraits des aventures de Misery - l'héroine de ces aventures romantico-épiques - au cours de l'histoire. Et c'est à la fois assez amusant, et aussi un peu frustrant quand on a tout un chapitre consacré à Misery avec le suspense qui monte au fur et à mesure et soudainement le récit s'arrête pour repasser à une scéne consacrée à Paul. Dans ces moments là on aurait presque l'impression de se retrouver dans la peau d'Annie, à vouloir la suite de l'histoire mais à ne pas savoir si on l'aura et quand on l'aura. Et c'est très frustrant. Mais c'est aussi amusant car Misery est une série à l'eau de rose ce qui signifie que Stephen King - le grand maître de l'horreur - s'amuse à écrire des extrains de roman Harlequin. Ce décalage était fun.

 

Mais niveau horreur on est particuliérement bien servi quand même. Il y a des scénes gores qui m'ont fait grincer des dents - alors que je ne suis pas particuliérement sensible pour ce genre de scénes en littérature - d'autres scénes qui sont écrites avec un détachement et une froideur qui les rendent encore plus effrayante, et aussi certains moment où Stephen King utilise un humour noir particuliérement efficace. J'ai éclaté de rire sur des trucs horribles. Cependant les scénes gores ne sont pas les pires passages, il y a surtout une angoisse dûe à l'absence d'espoir et à la solitude du personnage principal face au danger. Tout est fait pour qu'on ressente de l'empathie pour lui et de mon point de vue ça a bien fonctionné. J'ai eu peur pour lui, surtout à la fin... Mais chut ! ^^

Un extrait :

"Il s'étendit de nouveau, les yeux au plafond, écoutant le vent. Il se trouvait près du sommet du col, de la ligne de partage des eaux, au coeur de l'hiver, en compagnie d'une femme qui n'était pas très bien dans sa tête, une femme qui l'avait nourri par intraveineuses pendant qu'il était inconscient, une femme qui disposait apparemment d'une inépuisable réserve de médicaments, une femme qui n'avait dit à personne qu'il avait échoué ici.

Ces détails étaient importants, mais il se rendit compte que quelque chose le devenait encore plus : la marée descendante qui s'amorçait. Il commença à tendre l'oreille vers la sonnerie du réveil, à l'étage. Elle n'allait pourtant pas se déclencher tout de suite, mais il était temps pour lui de se mettre à l'attendre.

Elle était cinglée, mais il avait besoin d'elle."

En conclusion :

J'ai beaucoup aimé ce livre que j'ai trouvé plutôt angoissant avec cette sensation du personnage principal d'être totalement pris au piége. Mais ce que j'ai le plus aimé c'est tout ce qui concernait l'écriture et ces réflexions sur les oeuvres et leurs fans. Je pense que pour quelqu'un qui est intéressé par la culture populaire ou les questions tournant autour de la notion de fandom c'est vraiment un livre à lire.

 

Et j'ai aussi vu le film que j'ai plutôt apprécié, même si pour moi le livre est plus intense et horrible, et le film ne consacre pas assez d'importance à cette question de l'écriture donc sur ce point j'étais un peu frustrée. Et puis mon headcanon de Paul Sheldon ressemblerait plutôt à Chuck :

Oh et en parlant de fandom : si quelqu'un sait où trouver des fanfictions sur Misery je suis preneuse. A cause de tous ces extraits des aventures de Misery je me suis mise à shipper Ian et Geoffrey et ça je crois que ce n'était pas du tout prévu au programme ! ^^